ESSAIS PARE-BALLES

Mai 2014

 

Il est difficile de choisir un modèle que l’on veut et peut utiliser. Pourtant il en existe, y compris dans le commerce. Malheureusement, nous n’avons aucun retour sur leurs performances, qualités et inconvénients de la part de leurs utilisateurs.

Le problème : protéger ce qui se trouve devant la cible (pas de risque de retour, de rebond pour les tireurs), derrière la cible (installations diverses, butte de sécurité ou autre), et récupérer les balles (ce qu’il en reste) tirées afin de lutter contre les pollutions éventuelles Sur notre stand, ouvert en pleine nature, il passe de temps à autre des « irrespectueux » (je dirais bien autre chose !) qui ne respectent ni les panneaux ni le matériel. Il est visible, aux effets (dégâts) constatés, que ces mauvaises personnes tirent avec des balles blindées et des armes longues aux calibres peut être même pas autorisés.

SI les seules armes utilisées étaient comme prévu des armes de poing à balles non blindées, il semble qu’un petit acier un peu dur serait suffisant. Comme écrit plus haut, ce n’est pas si simple ! Nous ne pourrons pas satisfaire toutes les conditions de tir, nous ne connaissons pas toutes les données. Il sera fait selon les conditions maximales que nous avons choisies.

Les essais : après quelques réflexions, il a été décidé de tester des plaques d’acier selon un angle de tir de 30 ou 45 °. Des pare-balles du commerce sont construits sous un angle de 45 °, ce qui me semble étonnant pour une utilisation avec des armes longues.

Le matériau : Tout d’abord, uniquement pour voir, sous un angle de 45 puis 30°, deux plaques d’acier doux d’épaisseur 10 mm, puis deux plaques d’acier Ramor 500 de 6,5 mm.

Ce dernier est indiqué comme utilisé pour le blindage de véhicules.

Remarque : la définition du blindage d’un véhicule n’est pas forcément ce que vous en pensez…
Il s’agit de résister à trois tirs successifs au même endroit sans être traversé. Peut importe l’état dans lequel se trouve le matériau après le 3e tir…

Les armes : Pour les armes de point, il n’a pas été recherché d’utiliser le plus gros calibre forcément, les balles utilisées étant réglementaires (plomb, non blindées) je n’imaginais pas, avec raison, que cela puisse poser le moindre problème.
Tir au 22 (balle de tir classique, projectile de type ogive elliptique entièrement en plomb), 38 spécial (balle WC i.e. WadCutter entièrement en plomb, face avant de la balle plate) et 357 Magnum (balle semi-blindée).

Remarque : j’écris 22 comme cela se dit alors que c’est un calibre .22

Pour les armes longues, j’ai utilisé une 7x64, une 9,3x62 et surtout, ce qui me semblait le plus méchant, une 222 Remington (balle blindée tout métal FMJ, ogive tête creuse).

Caractéristiques des balles armes longues :

Modèle :Poids :V0 : (m/s)E0 : (Joules)Forme de la balle :
7x6410,698503865pointue semi-blindée
9,3x6216,527704891pointue semi-blindée
222 R3,249701524pointue tout métal, BLINDEE, ogive tête creuse.

Les résultats en images, commentés rapidement :

• Plaque acier doux 45 ° :

45 degrés acier doux Fin Face Avant

Les balles des armes de poing glissent et éclatent, en laissant tout de même un petit impact.

Le 7x64 marque fortement, la 222 arrive à trouer la plaque en 3 coups très proches.

• Plaque acier doux 45 ° :

45 degrés acier doux Fin Face Arrière

On voit bien les 3 impacts de 7x64 et le trou en 222.

Les films au cinéma ou à la télé c’est vraiment bidon…

Les tôles des voitures ne dépassent pas 0,8 mm, ce qui veut dire qu’elles sont forcément traversées par des tirs d’armes de guerre que l’on voit utiliser.

J’irai même jusqu’à penser que la balle traverse la portière, le bonhomme et la portière suivante !

En tout cas, même avec 1 cm d’épaisseur, pas question de fabriquer un piège à balles en acier doux sous un angle de 45 °.

En général les bons comme les méchants (qui sont peut-être les bons) utilisent dans les films, des M16 en .223 Remington ou un genre de AK-47 rénové en AK-74 dit « Kalachnikov » de calibre 5,45 mm pas loin des armes européennes comme le FAMAS en 5,56 mm.

On remarquera que, en gros, on peut considérer comme équivalents ces calibres .222 ou .223 en unité américaine (inch) et 5,45 ou 5,56 en mm (faites le calcul !).

• Plaque acier doux 30 ° :

30 degrés acier doux Fin Face Avant.

Les balles des armes de poing glissent sans entamer la plaque.

Les carabines marquent, la 222 crée des trous sans traverser rapidement. En insistant ça se fera !

30 degrés acier doux Fin Face Arrière.

Peu de marques, légers bombages sur quelques impacts de carabines.

Un angle de tir de 30 ° permet visiblement de mieux contenir les effets des armes.

• Plaque Ramor 45 ° :

45 degrés Ramor Fin Face Avant

Les balles des armes de poing glissent et éclatent, SANS laisser vraiment d’impact.

Les carabines laissent des traces d'une profondeur d'environ 0,05 mm.

La 222 est plus dure, traces qui sont tout de même à 1/10e de mm.

Remarque : il n’est pas utile de vous montrer la face arrière, il n’y a rien à voir ! Je constate que les effets des tirs ne sont pas suffisamment forts pour se transmettre à l’arrière de la plaque.

• Plaque Ramor 30 ° :

30 degrés acier doux Fin Face Avant.

Les balles des armes de poing glissent sans entamer la plaque.

Les carabines marquent, je constate que la 9,3x62 marque moins que la 7x64 et que la 222 « mange » plus que les autres.

Et en pleine face ? Plaque Ramor 90 ° calibre 222 :

La 222 fait un beau petit trou, très net, qui montre que ce sera dur d'arrêter ce calibre.

• Plaque Ramor 90 ° vue en coupe d'un trou :

Ça traverse en arrachant un peu de métal.

En conclusion de ces essais : il semble que réaliser nos pièges pare-balles en Ramor 500 de 6,5 mm d'épaisseur prévu pour un tir sous un angle de 30 (ou 35) degrés pour des armes de poing soit une bonne solution.

Il sera difficile de protéger les installations contre certains indélicats utilisant des armes longues en calibres particuliers, qui de plus ne tireront pas forcément depuis le pas de tir et sous les angles prévus.

Remarques personnelles :

• Les effets des balles, des munitions sont mal connus dans la réalité. Il faut avoir de gros moyens pour faire des tests en vraie grandeur, ou bénéficier de résultats bien détaillés mis à disposition de tous (pas trouvé!).

• Le tireur sportif, comme le chasseur, a de nombreux préjugés.

• La question principale serait de savoir pourquoi la balle ayant la plus grande énergie n'est pas celle qui fait un trou.

• Ce qui pour un chasseur, serait de rechercher les critères donnant la meilleure munition qui arrête un gibier donné.

On remarquera qu'une balle semi-blindée n'est pas une balle blindée... de même qu'une balle à tête creuse n'a pas les mêmes effets qu'une balle pleine.

Dans les tableaux donnant les caractéristiques des munitions, la vitesse de rotation de la balle sur elle même n'est jamais donné. C'est pourtant très important !

Cette rotation provoque un effet gyroscopique, ce qui donne à la balle une grande précision ainsi qu'une faible flèche.

Un exemple : En conditions classiques, dans l'armée, le tir sur l'ennemi se fait après réglage de la hausse à 400 m.
Fusil MAS 51, calibre 7,62. Le tir se fait sur ordre quand l'ennemi approche des 400 m.
Puis quand l'ennemi arrive à 200 m, on ne retouche pas au réglage de la hausse, il faut tirer dans les pieds des assaillants pour compenser la flèche (environ 1,80 m)!
Sur une arme moderne, FAMAS, M16 ou autre, on règle la hausse à 400 m. A 200 m, on peut ne rien changer ou presque car la flèche est très faible.

Opinion personnelle : la balle de 222 tourne très vite sur elle même, c'est une munition blindée, "tête creuse".
Tout celà lui assure une trajectoire tendue et un impact exceptionnel.

En tant que chasseur..., je tire des sangliers entre 25 et 50 kg.
Je suis adepte de la 7x64 qui me satisfait pleinement. Aucun sanglier touché n'a dépassé 10 m après le coup.
Certains affirment qu'il faut une balle beaucoup plus lourde avec une énergie plus forte comme la 9,3x62.

Au vu de mes résultats, je ne comprend pas que certains collègues de battue soient aussi tranchés.
Et que je ne sois pas le seul à utiliser ce type de munition n'ajoute rien au monologue qu'ils font.

J'ai tiré sur du sanglier à la 222, au poste à 20 m, balle placée près de l'oreille. Séché sur le coup. Pourtant la recommandation habituelle sur les armes à utiliser sur du sanglier est d'avoir une balle dont l'énergie dépasse 1500 Joules à 100 m.
La 222 a bien une énergie dépassant (de peu) 1500 Joules, en sortie de canon. A 100 m c'est un peu moins... Et pourtant il tombe !

J'ai vu (c'est pas un racontar de quelqu'un qui a vu quelqu'un qui...) un collègue de battue qui tire avec une carabine calibre 410.
Il n'a jamais raté son sanglier, tué "sur le coup". Il est vrai qu'il tire toujours dans la zone oeil-oreille. Il est bon, je suis impressionné par ses résultats.

Difficile donc de déterminer un critère assurant LA bonne munition d'arrêt, même si "en général", il faut une bonne masse, de la vitesse et de l'énergie.

De même que je n'ai pas suffisament de données pour pouvoir indiquer pourquoi la balle des 3 carabines ayant le moins d'énergie est celle qui fait le plus de dégats.

Il faudrait déjà que chaque balle soit de même type. Si quelqu'un a des sources fiables...

 

 

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Dernière mise à jour le 03/VII/2014 par Serge ETIENNE    
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